Depuis plusieurs années, de nombreux jeunes Haïtiens choisissent l’émigration comme échappatoire face à l’instabilité chronique du pays. Cette quête de mieux-être, bien que légitime, entraîne de lourdes conséquences sur la société haïtienne, affectant ses dimensions culturelles, économiques, sociales et politiques.
Chaque départ est une perte pour le pays : une compétence, une énergie, une intelligence qui manquera cruellement au développement national. Les universités forment des milliers de jeunes chaque année, mais une grande partie de ces diplômés préfère l’exil, découragés par le manque d’emplois, l’insécurité et l’instabilité politique.
Familles éclatées, société fragilisée
Cet exode massif laisse derrière lui un vide social. Les familles sont brisées, les enfants grandissent loin de leurs parents, souvent confiés à des proches. Résultat : une génération fragilisée, privée de repères et marquée par la solitude.
L’exil a un visage féminin.
En partant, la jeunesse risque de se déconnecter de ses racines. Certaines jeunes femmes parviennent à maintenir le lien culturel, mais d’autres s’intègrent pleinement ailleurs, jusqu’à oublier peu à peu leur identité d’origine.
Ces deux dernières années, le programme humanitaire de l’administration Biden a permis à des milliers de jeunes de quitter légalement Haïti. Pour beaucoup, ce fut une bouée de sauvetage. Mais l’expérience est souvent amère : emplois précaires, adaptation difficile, familles éclatées. Et pour le pays, l’hémorragie des talents se poursuit.
L’exil massif, surtout celui des femmes, pose une question grave : qui portera demain les espoirs d’Haïti si toute une génération choisit de partir ?
Il devient urgent de créer des conditions de stabilité, de sécurité et d’opportunités afin que les jeunes puissent croire en un avenir chez eux, sans devoir tout abandonner pour espérer mieux ailleurs.
Abigael Leopold - Journal Feminae